vendredi 23 octobre 2009

Sufjan Stevens and Nicolas Hulot


Tout le monde à bras raccourcis sur le petit Nicolas. La belle âme catastrophiste agace par sa morale écolo. Après les sermons, l'heure de la révolte, même chez Télérama. C'est dire...

Quitter l'homélie pour la fabrique à Sufjan. Une musique à l'oeil posée sur un monde-rêve avec Houla Hoop dans les roues de la Brooklyn-Queens Expressway. Une autoroute enlevée aux discours trop cuits de l'ambiant bio. A des années lumières des Arthus-Hulot-Moore.

La belle voiture contre les gros sabots. Pourquoi pas Artavazd Pelechian mixé avec J.G. Ballard?


Fat Freddy's Drop and Alice Russell and Don Siegel


La terre peut bien tourner, le chameau des Fat Freddy's Drop prend la pose. Toujours le même mouvement et un monde derrière.

Comme Baby Face Nelson, gangster filmé par Don Siegel. L'escroc 30's niquait Dillenger et s'incrustait dans chaque plan. Et la ville en arrière plan. Calme, silencieuse, vidée par l'image pâle, surexposée, ensoleillée. Plane.

Et puis la même construction, ici au ralenti. Des séquences les unes après les autres, disparates avec le bandit chameau en repère unique.

C'est peut-être le soleil de la Californie, allé avec la Nouvelle-Zélande.


samedi 17 octobre 2009

Jacques Bral and Bernard Lavilliers


Le jour se lève et on n'y peut rien. On fait la gueule de bois en 1980, quand sort "Extérieur Nuit" signé Jacques Bral. Une rare déconvenue trentenaire, polarisée par des anciens jeteurs de pavés mal remis après 68.

Après la révolution... on se fait carrément chier.

Heureux les zozos à qui n'arrive rien, ricane Gérard Lanvin dans son presque premier rôle. Une adresse au public comme à son amour fictif... Christine Boisson en rêve d'Argentine dans un Paris à la nocturne lumière, froide et chaude.

De bars en bars, Pierre William Glenn photographie le road movie capital, toutes caméras dehors, avec milles pellicules sensibles pour saisir l'amour, l'amitié et le grand vide.

1986, le jour se lève à nouveau dans les caveaux jazz avec l'échevellé Bernard Lavilliers. En renfort, Johnny et Léo, clipés dans l'extérieur nuit comme pour mimer l'improbable polar idéal.

1987, le génial chef op gagne haut la main le statut de réalisateur maudit avec son Mad Max français au titre prémonitoire, "Terminus".

2009, enfin une copie neuve pour "Exterieur Nuit". Et c'est magnifique.

jeudi 15 octobre 2009

Mina, Nino and Pedro


Une série de prénoms dans les plus grands tubes signés Nino Ferrer. Mais avant Mirza, Gaston, Mao et Alexandre, le zozo qui voulait être noir écrivait des histoires d'amour pendant ses études d'archéologie. A l'époque, personne pour l'écouter dans la France gaullienne quand son slow bastonnait les hits en Europe. Surtout en Italie, version Mina.

Leçon retenue, Nino opta aussitôt pour le rire et faire passer son r'n'b classieux. Un autre malentendu généralisé. Car les merveilles soul étaient aussi mélancoliques.

Reste ce slow torrentiel qui flingua la botte 60's. Puis une piqure de rappel dans le beau Talon Aiguille réalisé par Pedro. 20 ans plus tard, une sauce tapas elle aussi inaudible sous les hourra movida.

Oui Pedro, pendant la movida, c'était pas seulement la movida.

On sait maintenant...

samedi 10 octobre 2009

Whitney Houston and Steven Soderbergh


Je te veux, te désire, te possède, te rêve en million dollars… baby. Comme Whitney Houston perd sa gouverne entre deux mondes et tente, dans la joie tragique, un retour au réel difficile. Comme Mark Whiteacre, héros perdu dans sa mythomanie, expérimente une dénonciation de la grande entreprise en perdant pied avec le monde.

Entre deux eaux, entre deux perceptions, tout niqué, la chanteuse et le héros de The Informant! s’altérent le regard en mêlant vie privée et héroïsme, flux du désir et flux d'argent.

La synthèse de ces questions invraisemblables se niche dans la perception. Attention, pas n'importe laquelle. Celle du Eyes Wide Shut signé par feu Kubrick.

Le fantasme, le nerf de la guerre.

Pendant ce temps, la star photoshopée sur peau danse au bord du gouffre une géniale machine à tube soul... sous une pluie de billets verts.

Richard Hawley and Peter Hedges


La loose magnifique trouve son genre cinéma avec la comédie romantique. Également sa bande son avec ses chanteurs à la banane, tout droit sortis des années 60. Roy Orbison pour la version originale ou aujourd'hui l'incompris Ron Sexsmith comme le génial Richard Hawley.

L'amour vrai est au bout de la rue, sur un trottoir, bientôt pour tout de suite, mais avant... la merdouille donc le gag. La comédie de la vie se niche dans l'attente fébrile, burlesque, ridicule vue de l'extérieur, mais tragique dedans. La comédie filme les corps quand une petite musique intérieure bouleverse.

Car juste avant la rencontre, la terre bascule dans le néant ou le meetic... éternel recommencement sur toile de l'instant T. Pile quand ravivent les utopies charmantes des princes et princesses, mais aussi quand la rue se rappelle à nous, concrète, transformant nos rêves de petits garçons petites filles en images dérisoires.

Richard Hawley fait pleurer la joie, le temps d'un coup de foudre à Rhode Island.

mardi 6 octobre 2009

Jacques Demy and Brigitte Bardot


D'abord, une pensée pour les seconds couteaux. Ici, deux danseurs à la solde de la noire bribri, tourbillonnant sans trop en faire autour de la star 60's pour un show télé sauce Carpentier (pas Carpenter).

Depuis la Star Ac, on sait. La danse tv appelle the concept. Ici, c'est le parapluie phallique, écrabouillé par les pieds, lancé hors champ pour virer la sexualité du cadre et laisser l'érotisme gentil faire quelques pas. Reste notre bribri magnifique, vierge sexy, prête à prendre les rennes des mâles gominés.

Surgit dans notre esprit une rencontre impossible. La star chez Demy pour un mélo aux Parapluies de Cherbourg. Blonde Deneuve contre blonde Bardot. Toujours une histoires de vierges érotiques, une glacée pour réchauffer nos cœurs, une bouillonnante pour nous glacer aujourd'hui.

Ladyhawke and Buster Keaton


Les historiens du cinéma tissent du lien entre les Zombies de Romero et les folies de Keaton. A chaque fois, ça démembre, accumule, surprend dans le hors champ et nous tombe dessus à bras raccourcis.

Pendant ce temps, Ladyhawke enfile les t-shirts pour une party synthétique comme Michael Jackson dansait le Thriller en scope. Une actualité du cauchemar burlesque.

La pop fait bang bang!

jeudi 1 octobre 2009

Depeche Mode and George Lucas


Ils sont tous là, les yeux rivés vers les astres, à attendre le passage en vitesse lumière pour faire le grand bond en avant. Un sursaut d'énergie dans la guerre des étoiles, avec faux départs et panne machine mais quand même, ça finit par délivrer la poussée. Les réacteurs à fond, transpercent l'espace et le temps, plient l'univers à leur guise et toujours devant.

Dans le vaisseau spatial, c'est la fête.

Soit l'exact mouvement inverse de la vidéo sombre, terrienne, totalement wrong de Depeche Mode. Machine arrière toute, pieds et poings liés dans une voiture folle, aspirée par la mort et la nuit définitive.

La conquête contre la défaite. Sauf à rejoindre l'éternel générique de George Lucas, absorbé lui aussi par l'arrière et remontant un temps déboussolé dans une narration à contre courant.